Facettes de la S&S (16) : James Enge, le classiciste
Dernier billet dans cette exploration des écrivains de sword & sorcery des origines jusqu'à nos jours (parce que je ne vais quand même pas écrire un billet consacré à moi-même) ! Mais je n'en ai pas fini avec la S&S sur ce blog : j'en ai fini avec les billets consacrés à des auteurs individuels, mais dans les semaines qui viennent je vais faire quelques billets sur des sujets plus transversaux. Je vous laisserai découvrir.
Qui est James Enge ? Il est peu connu en France, ce qui est un tort. Son premier roman, Blood of the Ambrose (2009) a été publié par L'Atalante en 2010 sous le titre Le Sang des Ambrose, mais ses cinq livres suivants n’ont pas été traduits, et c’est bien dommage.
Qui est James Enge ? Il est peu connu en France, ce qui est un tort. Son premier roman, Blood of the Ambrose (2009) a été publié par L'Atalante en 2010 sous le titre Le Sang des Ambrose, mais ses cinq livres suivants n’ont pas été traduits, et c’est bien dommage.
Enge a
largement contribué à la résurgence de la S&S au début des années 2000, autour de la défunte
revue américaine Black Gate, dont il
fut un contributeur fréquent. Dans la lignée des pulps d’entre-deux-guerres, il a d’abord construit son
personnage-fétiche, Morlock Ambrosius, au fil de plusieurs nouvelles ; les
romans sont venus ensuite.
Morlock est à
la fois un héros de S&S traditionnel
et une relecture critique de ce type de héros. Solitaire, bougon même, éternel
marginal, il parcourt le monde sans trop savoir ce qu’il cherche et se retrouve
emmêlé dans des aventures surnaturelles qu’il est le seul à même de surmonter.
Mais loin d’être un jeune guerrier bodybuildé, Morlock est âgé et claudicant,
presque un vieillard aux yeux de certains, et c’est un magicien qui compte plus
sur son intelligence et sa ruse que sur la force brute pour se tirer d’ennui - même s'il est redoutable avec une épée. Il a aussi tendance à boire.
C'est un personnage captivant et extrêmement bien réalisé. Éternel étranger, il vient à l’origine d’un autre monde : le nôtre. En effet, il est le fils de Merlin et Viviane, mais après avoir changé de monde il a été élevé par des nains, avant de rejoindre les rangs des mystérieux Gardiens. Il entretient avec son père des relations conflictuelles : Merlin est dépeint comme un manipulateur égocentrique alors que Morlock, quoique misanthrope et grognon, a un cœur d’or et déteste l’injustice sous toutes ses formes. À cette généalogie compliquée il faut ajouter Ambrosia, la sœur de Morlock, personnage globalement positif mais dont les visées et les méthodes ne sont pas toujours en phase avec celles de Morlock.
C'est un personnage captivant et extrêmement bien réalisé. Éternel étranger, il vient à l’origine d’un autre monde : le nôtre. En effet, il est le fils de Merlin et Viviane, mais après avoir changé de monde il a été élevé par des nains, avant de rejoindre les rangs des mystérieux Gardiens. Il entretient avec son père des relations conflictuelles : Merlin est dépeint comme un manipulateur égocentrique alors que Morlock, quoique misanthrope et grognon, a un cœur d’or et déteste l’injustice sous toutes ses formes. À cette généalogie compliquée il faut ajouter Ambrosia, la sœur de Morlock, personnage globalement positif mais dont les visées et les méthodes ne sont pas toujours en phase avec celles de Morlock.
Les nouvelles
écrites par James Enge sont presque toutes rassemblées dans son deuxième livre,
This Crooked Way (2009). C’est une
sorte de pseudo-roman rafistolé, autre hommage aux fix-ups de Jack Vance ou d’autres, qui construisaient des intrigues
de bric et de broc à partir des récits brefs qu’ils avaient déjà publiés en
revue.
Dans ses
romans, Enge a joué avec différents formats et différents genres : son
premier, Le Sang des Ambrose,
s’intéresse à des querelles familiales et dynastiques, et n’est pas très
caractéristique du reste de la série ; ce n’est pas forcément la meilleure
porte d’entrée, même s’il contient plusieurs passages mémorables.
Son troisième
livre, The Wolf Age (2010), est sans
doute son meilleur. Morlock se retrouve emmêlé contre son gré (comme toujours)
dans les manigances politiques d’une cité qui a pour particularité d’être
peuplée entièrement de loups-garous : c’est l’occasion pour Enge de jouer
sur les normes de la fantasy et de mettre en scène des structures sociales qui
s’éloignent des sempiternels modèles féodaux et monarchiques.
Ses trois derniers romans en date (A Guile of Dragons, 2011 ; Wrath-Bearing Tree, 2013 ; The Wide World's End, 2015) s’éloignent du format de la S&S et forment une trilogie consacrée à la jeunesse de Morlock, alors qu’il appartient encore à une caste de guerriers mystiques, le « Graith of Guardians ». C’est une excellente petite séquence, mais on est davantage dans de la high fantasy classique construite autour de quêtes et d’une lutte entre le bien et le mal.
Recommandations
de lecture : Malheureusement, le seul roman
traduit n’est pas forcément celui que je recommanderais en premier, même s’il est d’une
lecture agréable. The Wolf Age est
sans doute son meilleur livre, mais si on veut une expérience de S&S à l’ancienne, le recueil-roman This Crooked Way est excellent.
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