Mes jeux vidéo de la décennie


Hey, vous avez envie de savoir quels sont mes 10 jeux vidéo préférés de la décennie 2010 ? Non ? Eh ben pas de bol, c'est mon blog et je fais ce que je veux. Tous mes billets ne peuvent pas parler de John Brunner, non plus.

Et venez pas m'engueuler sur mes choix dans cette liste, hein ! J'ai jamais dit que c'étaient les 10 meilleurs jeux de la décennie, juste mes 10 préférés. Vous allez voir que j'ai des goûts très spécifiques. Et d'ailleurs je ne les classe même pas, je les mets dans l'ordre chronologique de leur parution. Bon, peut-être qu'à la fin, je déciderai lequel est mon préféré-préféré. Mais je ne promets rien.

Et pourquoi 10 ? Pourquoi ne pas juste faire la liste de mes préférés, et laisser le nombre se décider de lui-même ? Parce que mon amour des listes n'a d'égal que mon amour des chiffres ronds, ce qui m'oblige à des contorsions absurdes et mènera presque inévitablement à quelques "mentions honorables" au long de ce billet, histoire de nommer des jeux qui n'ont pas réussi à entrer dans le palmarès. Je suis faible...

Pour finir et avant de passer aux choses sérieuses, je suis au courant que techniquement la décennie 2010 se terminera seulement à la fin de 2020, parce que le calendrier occidental ne comporte pas d'année 0. Je veux bien accepter cet argument pour les siècles, mais pour les décennies, ma cuistrerie a des limites.

Je vais maintenant me prendre une petite tisane calmante après la charge polémique du paragraphe précédent, parce que j'en suis encore tout tremblant. Aaah, ça va mieux. Allez, on commence.

Mass Effect 2 (BioWare, 2010)


Oooooh, Mass Effect 2 est sorti il y a tellement longtemps ! Mais le souvenir en est encore vif dans mon esprit. J'aime les jeux BioWare depuis l'époque de Baldur's Gate, mais leur tendance à répéter des formules leur fait parfois perdre un peu de leur âme, sans compter l'assassin's-creedisation galopante que leur modèle a subi dans le dernier Dragon Age. Tout ça pour dire que BioWare est un studio pour lequel j'ai de l'affection, mais qui me laisse parfois un peu déçu. Rien de tout cela pour Mass Effect 2, sommet de la série du même nom, où l'histoire coule de manière organique, les personnages sont tous plus intéressants les uns que les autres, et l'univers bien établi du premier volet est bouleversé de fond en comble. Mass Effect était plus propret et apéritif ; Mass Effect 3 est trop bruyant et Michael-Bay-esque. Le 2 atteint l'équilibre parfait en créant une atmosphère de menace sourde et de risque permanent. Quasiment le meilleur RPG à gros budget de la décennie, et même l'une des plus magnifiques oeuvres de space opera du XXIe siècle, tous médias confondus. Et la bande-son est splendide.

Mentions honorables : Je râle, mais j'ai quand même bien aimé Mass Effect 3 (2012) (le premier Mass Effect est sorti la décennie précédente) et les trois jeux de la série Dragon Age. Bizarrement, j'ai préféré Dragon Age II (2011) aux deux autres ; malgré ses côtés mal fagotés, il tentait des choses intéressantes.

The Stanley Parable (Galactic Cafe, 2011)


La décennie 2010 fut celle des jeux indépendants, et peu d'exemples plus remarquables me viennent à l'esprit que The Stanley Parable, même si ce ne sera pas le seul de la liste. Rares sont les jeux qui parviennent à tenir un propos à la fois sur la nature du jeu vidéo et sur la nature de la réalité, et encore moins arrivent à le faire en étant drôles en même temps - tout ça en partant de l'histoire d'un employé de bureau qui découvre un jour que tous ses collègues ont disparu. Je ne peux pas parler davantage de The Stanley Parable sans gâcher l'expérience, mais si vous n'y avez pas joué, sachez qu'une version Ultra Deluxe est prévue pour 2020.

Mentions honorables : Dans le genre "simulateur de marche", en moins drôle et plus touchant, j'ai beaucoup aimé Gone Home (The Fullbright Company, 2013) et Firewatch (Campo Santo, 2016).

Deus Ex: Human Revolution - Director's Cut (Eidos Montréal, 2011, 2013)


2010 fut aussi la décennie du retour en fanfare du cyberpunk, et du retour en grâce des simulations immersives, ces jeux à la première personne qui mettent l'accent sur la liberté d'action, l'infiltration et l'exploration plutôt que le pur combat. Deus Ex: Human Revolution marqua prodigieusement le début de ces deux renouveaux. En vieux papy que je suis, le premier Deus Ex est un de mes jeux cultes, et j'ai absolument adoré le prequel développé par Eidos Montréal. De bien des manières c'est un jeu assez différent du premier, plus cadré et ciblé, mais le résultat fonctionne incroyablement bien et tient un propos plus mûr et plus troublant que son prédécesseur. La ville de Hengsha est l'un des environnements immersifs les plus extraordinaires que je connaisse, explorable à la fois horizontalement et verticalement, avec une atmosphère unique. Plutôt que le jeu original de 2011, toutefois, je recommande le Director's Cut de 2013, qui améliore notablement les boss fights pourris de la première version.

Mentions honorables : La suite, Mankind Divided (2016), est un peu plus artificielle mais reste très bonne. Et je m'en voudrais de ne pas mentionner Thief (2014) du même studio, suite de la célèbre série créée par Looking Glass, qui a été absolument descendu par la critique à sa sortie, mais qui n'étais pas si mal que ça (hormis un découpage par zones ridicule qui occasionnait des chargements constants).

Jazzpunk (Necrophone Games, 2014)


Vous ne vous êtes probablement jamais demandé ce que cela donnerait si on mélangeait James Bond, Chapeau melon et bottes de cuir, Neuromancien, Le Festin Nu, Thomas Pynchon, Hunter S. Thompson, Philip K. Dick et Monty Python, mais la réponse à cette question existe quand même. Jazzpunk est un jeu touche-à-tout, y compris en termes de gameplay - qui encourage littéralement le joueur à cliquer sur tout, histoire de voir ce qui se passe. Jazzpunk parle à une partie de mon cerveau que les autres jeux ignorent.

Mentions honorables : Difficile de trouver des jeux comparables à celui-ci, mais dans le genre inclassable, Hotline Miami (Dennaton Games, 2012) était super aussi.

Shadowrun: Dragonfall (Harebrained Schemes, 2014)


Hé, encore du cyberpunk - mais avec des dragons et de la magie, ce coup-ci. Shadowrun est le jeu de rôles qui a le plus marqué mon adolescence ; quand Harebrained Schemes a publié l'adaptation vidéoludique Shadowrun Returns en 2013 après un impressionnant financement sur Kickstarter, je me suis évidemment jeté dessus, même si le résultat relevait plus du fan service gentillet que du grand jeu. Mais un an plus tard, la sortie de Shadowrun: Dragonfall a complètement changé la donne, et plus encore avec son Director's Cut quelques mois après. Dragonfall est l'un de mes RPGs isométriques préférés de la décennie, avec son univers profond et passionnant, bien mieux géré que dans son prédécesseur, ses personnages attachants et son histoire à embranchements multiples. Du concentré de Shadowrun dans tout ce que cela peut avoir de meilleur.

Mentions honorables : Shadowrun: Hong Kong (2015) était très bien aussi, en reprenant largement la même structure que Dragonfall. Dans le genre du RPG isométrique, il y a eu beaucoup à se mettre sous la dent cette décennie ; quitte à en citer un autre pour le moment, j'isolerais Tyranny (Obsidian Entertainment, 2016), dont on a beaucoup sous-estimé les innovations.

The Witcher 3 (CD Projekt Red, 2015)


Je ne vais pas déblatérer pendant trois heures sur The Witcher 3, parce que ça a déjà été largement fait par d'autres. Un jeu aussi large et aussi profond à la fois, c'est unique ; en sus du jeu de base, Wild Hunt, les deux DLC principaux, Hearts of Stone et Blood & Wine, sont énormes et rappellent les expansions de jadis comme Tales of the Sword Coast pour Baldur's Gate. Beaucoup de développeurs à gros budget, cette décennie, ont eu tendance à traiter le contenu comme de la confiture - moins on en a, plus on l'étale -, ce qui donne des jeux à la durée de vie considérable mais où on passe son temps à alterner entre trois activités répétitives qui cherchent vainement à donner l'illusion qu'on accomplit quelque chose. The Witcher 3 nous rappelle qu'on a le droit d'espérer mieux. PS : Team Triss forever.

Mentions honorables : The Witcher 2 c'était bien aussi, bon sang !

Dishonored 2 (Arkane Studios, 2016)


Encore une simulation immersive. J'ai hésité entre Dishonored et Dishonored 2, mais le second volet offre une expérience plus riche, ne serait-ce qu'en vertu du choix qu'il donne entre deux protagonistes aux pouvoirs différents. Arkane Studios a joué à fond sur le retour des simulations immersives cette décennie, en cherchant à faire évoluer le genre le plus possible, alors qu'Eidos Montréal jouait davantage sur la nostalgie des gloires passées (mais en innovant quand même, hein). Les jeux Dishonored sont donc particulièrement audacieux, et proposent un gameplay fondé à la fois sur la furtivité et la brutalité, ce qui est une combinaison peu commune. Ce sont surtout des jeux qui donnent l'impression au joueur d'être intelligent : on a le sentiment, non pas d'avoir trouvé la solution prévue par les développeurs, mais d'avoir été plus malin que le jeu. Sentiment illusoire, mais agréable. Et l'univers est aussi séduisant qu'il est mélancolique.

Mentions honorables : Prey (2017) du même studio était superbe aussi, avec sa base spatiale explorable dans toutes les directions ; c'est l'ambiance particulière des Dishonored qui explique ma préférence.

Observer (Bloober Team, 2017)


J'ai voulu inclure un jeu d'horreur à la première personne dans cette liste, parce qu'il y en a eu des remarquables, mais j'ai beaucoup hésité sur le titre. Amnesia: The Dark Descent (Frictional Games, 2010) est un jeu fondateur et incroyablement marquant ; Alien: Isolation (Creative Assembly, 2014) est un tour de force esthétique et une remarquable quasi-adaptation du premier film Alien. Mais mon coeur penche légèrement vers Observer, dont l'équipe de développement avait déjà crée Layers of Fear en 2016. Alors que Layers of Fear, en termes de gameplay, était essentiellement un long couloir rempli de trucs qui faisaient "BOUH", Observer donne plus de liberté au joueur et construit un environnement véritablement intéressant à visiter dans tous les sens : un immeuble bas-de-gamme dans une Cracovie cyberpunk (encore) au bord de l'effondrement sociétal.

Mentions honorables : Amnesia: The Dark Descent et Alien: Isolation, justement. Mon coeur a vraiment balancé, ce coup-ci.

Return of the Obra Dinn (Lucas Pope, 2018)


La dernière production de Lucas Pope est un casse-tête géant maquillé en investigation historico-surnaturelle maquillée en vieux jeu Macintosh. Les trois couches de The Return of the Obra Dinn ne devraient jamais coller, et pourtant elles se fondent et s'entremêlent jusqu'à former un jeu d'une incroyable cohérence, où le souffle lyrique nous emmène dans une exploration post mortem qui est, en même temps, un hommage funèbre pour toutes ces âmes perdues à bord de l'Obra Dinn. C'est un jeu sur l'inexorable flèche du temps et sur la mémoire que nous devons aux morts. Avec peut-être la plus belle bande-son de la décennie.

Mentions honorables : Le précédent jeu de Lucas Pope, Papers, Please (3909 LLC, 2014), n'est pas loin de mériter une place sur cette liste aussi.

Disco Elysium (ZA/UM, 2019)


J'ai mis du temps à entrer dans Disco Elysium, mais c'est progressivement devenu une expérience totale, qui débordait dans la vie réelle et influençait la façon dont je voyais les gens et les choses. Les jeux d'investigation sont trop rares, même si j'ai réussi à en coller deux autres, Observer et Obra Dinn, dans ma liste. Disco Elysium est une de ces histoires où l'enquête autour d'un meurtre finit par devenir une enquête sur la totalité de la société dans laquelle ce meurtre a pu se produire, sur l'identité du détective lui-même et puis, au-delà, sur la nature même de l'univers. C'est un jeu sur la mélancolie, la gueule de bois et la fin des grandes époques. Le personnage de Kim Kutsuragi est l'un des meilleurs compagnons de RPG jamais développés. Accessoirement, un jeu qui contient le choix de réplique "Boom shakalaka, motherfuckers!" ne peut pas être foncièrement mauvais.

Mention honorable groupée


Ces dernières années, on a eu droit à une véritable renaissance du point-and-click à l'ancienne, principalement autour du studio Wadjet Eye Games fondé par Dave Gilbert. Wadjet Eye publie des jeux en 2D et en pixel art par plusieurs développeurs : parmi mes titres préférés se trouvent Gemini Rue (Joshua Nuernberger, 2011) et Technobabylon (Technocrat Games, 2015), deux polars cyberpunk (oui, je sais), Shardlight (Francisco Gonzalez & Ben Chandler, 2016), une histoire de révolution post-apocalyptique, et Unavowed (Wadjet Eye Games, 2018), un thriller surnaturel new-yorkais.
Dans un style similaire, mais pas sous l'aune de Wadjet Eye, Francisco Gonzalez de Shardlight a aussi fait le très bon Lamplight City (Grundislav Games, 2018), une enquête dans une Amérique alternative du XIXe siècle (OK, j'aurais dû me taire au sujet du trop petit nombre de jeux d'investigation) ; et j'ai également beaucoup aimé Whispers of a Machine (Clifftop Games, 2019), un polar cyberpunk (j'y peux rien, hein, c'est les développeurs). Enfin, comment ne pas citer le très drôle Thimbleweed Park du légendaire Ron Gilbert (Terrible Toybox, 2017) ?
Aucun de ces jeux ne réussit à lui tout seul à entrer dans mon top 10, mais quand je repense à mes plaisirs vidéoludiques de la décennie passée, ces point-and-clicks en pixel art y occupent une place considérable.

BREF

Comme je disais au début, j'ai des goûts vraiment spécifiques. Mais je suis capable de souplesse : les jeux listés ici ne sont pas tous en vue subjective, ne font pas tous du cyberpunk, ne sont pas tous des polars et ne sont pas tous des RPG et/ou des simulations immersives.

Et je suis ravi de constater que les jeux que j'ai aimés viennent de plein d'endroits différents : les États-Unis, bien sûr, mais aussi le Canada, le Québec, le Royaume-Uni, la France, la Pologne et l'Estonie - ainsi que la Suède si on compte les mentions honorables. Aucun jeu japonais, oui, je sais ! Mais c'est parce que je n'ai pas encore eu le temps de jouer à Breath of the Wild (ma femme m'en dit le plus grand bien).

Mon jeu idéal, dans le fond, ce serait un polar immersif à la première personne, avec des éléments d"infiltration, d'interaction sociale et de tir, le tout construit autour d'une vraie enquête, avec des suspects, des indices, la totale. ET DU CYBERPUNK, BORDEL.

(Mon préf)

On me fait signe au fond de la salle que je n'ai pas dit quel était le jeu que j'avais préféré parmi les 10.

Hmm...


Probablement Deus Ex: Human Revolution - Director's Cut. L'un dans l'autre. Oui, ça me surprend, moi aussi. Mais c'est comme ça.

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